Art Notes – Un automne à New York

Après la fête du Travail, l’univers de l’art reprend à New York et se prépare à une série d’expositions artistiques. Tous se rencontreront le premier jeudi de septembre pour visiter une galerie après l’autre. Récemment, ces visites sont devenues plus compliquées, puisque de plus en plus de grandes expositions ont lieu et s’étendent jusqu’aux quartiers Lower East Side et Chelsea. Les galeries du quartier Uptown ont déplacé leurs expositions au mercredi, car il est impossible de gérer un itinéraire à l’échelle de la ville en une seule soirée. Les musées présentent généralement leurs nouvelles expositions quelques semaines plus tard. L’automne sera occupé; voici quelques événements à ne pas manquer.
Unstung par Sam Jablon, à la galerie Freight + Volume
Sam Jablon est certainement un jeune artiste intéressant. Il est poète et peintre, et s’intéresse au contenu et à la façon de retenir son public, de ralentir le temps, en les encourageant à lire. L’exposition Unstung est le titre d’un poème que Jablon a écrit, puis peint fragment par fragment sur une série de toiles individuelles. Elles peuvent être lues en ordre ou dans le désordre et donner lieu à une lecture et à un parcours personnels. Les compositions sont à la fois vivantes, parfois vibrantes, et émouvantes, et donnent également à réfléchir. L’artiste a mis en place un format dans lequel il peut jouer librement avec le vocabulaire de l’abstraction, tout en continuant d’explorer le contenu narratif, ce que seuls quelques peintres d’art non figuratif ont réussi. Il va sans dire, Sam Jablon est un penseur agile.
Samuel Jablon, Unstung, 2018. Acrylique et huile sur toile, 127 x 96,5 cm. © Gracieuseté de l’artiste et de la galerie Freight + Volume
A Street of Many Corners par Marela Zacarias, à la galerie Sapar Contemporary
Marela Zacarias crée des sculptures murales colorées avec des motifs abstraits peints dont les ondulations sont caractérisées par un mouvement naturel. Les sculptures sont généralement larges, toujours audacieuses et élégantes. Zacarias sait comment créer des formes dynamiques et équilibrées qui fonctionnent à toute échelle. Leurs belles surfaces évoquent la céramique, mais leur structure est faite à partir de moustiquaire, de bois et de polymère. Zacarias crée souvent des œuvres spécialement conçues pour un endroit particulier et puise son inspiration dans les récits culturels et politiques qui la touchent. Ses motifs évoquent les symboles du Mexique et du Moyen-Orient, l’art du textile et de la poterie ainsi que l’histoire de l’art abstrait. Le titre de cette exposition est un hommage à Alice Mason, Américaine pionnière du milieu de l’art abstrait.
Marela Zacarias, Blue and Pink, 2018. Bois, moustiquaire, plâtre, pâte à joints, polymère et peinture à l’acrylique, 55,9 x 48,3 x 20,3 cm. © Gracieuseté de l’artiste et de la galerie Sapar Contemporary
Franz Marc and August Macke 1909-1914, à la Neue Galerie
La Neue Galerie remplit sa mission visant à présenter aux New-Yorkais l’art allemand et autrichien, qu’ils ont rarement l’occasion de voir autrement. L’exposition sera lancée au début d’octobre et présentera le dialogue artistique entre deux excellents artistes allemands du 20e siècle du mouvement Blaue Reiter. Macke et Marc se sont rencontrés à Munich et sont rapidement devenus amis. Marc ayant perdu foi en l’humanité, concentra son œuvre sur les animaux. Macke eut un sens délicat de la couleur et fut fasciné par la lumière. Il voyagea avec Paul Klee en Afrique du Nord, à la poursuite de l’inspiration de Delacroix. Les défis des deux artistes remettent en question les stéréotypes véhiculant que les artistes allemands ne sont pas de fins coloristes et qu’ils sont trop rudes. Un véritable régal pour les yeux.
Mary Corse: A Survey in Light au Whitney Museum of American Art
Artiste de la côte Ouest, Mary Corse a dédié sa vie à la quête de nouvelles façons d’étudier la lumière. L’esprit audacieux, aventureux et inventif de Corse brille dans chaque pièce de cette vue d’ensemble. Elle repousse les frontières entre l’expérimentation scientifique et la démarche artistique. Son coffret illuminé de manière minimaliste contenant des tubes remplis d’argon est splendide et avant-gardiste. La lueur de ces tubes est constante et douce, par opposition à ses peintures avec microsphères de verre, qui changent selon l’angle de l’observateur. Après dix ans de travail avec le blanc, Corse est passée à sa série Black Earth (Terre noire). Les œuvres faites à partir d’argile du mont Malibu, cuite et vernie à son studio, sont tout aussi impressionnantes. Leur pouvoir et leur réalité physique offrent une conclusion parfaite pour une œuvre qui a commencé dans la lumière céleste.
Mary Corse, Untitled (Space + Electric Light), 1968. Lumière à l’argon, verre plastique et générateur à haute fréquence, 115 x 115 x 12 cm. Musée d’art contemporain de San Diego. © Philipp Scholz Rittermann
Texte : Barbara Stehle
Cover: August Macke, Donkey Rider, 1914. Aquarelle, 28,5 x 24 cm. © Gracieuseté de la Neue Galerie