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Le point sur le marché de l’immobilier au Québec

Vincent Chiara a fondé le Groupe Mach en 2000. Spécialisée dans le développement et la location d’espaces à bureaux commerciaux et de locaux industriels, l’entreprise possède aujourd’hui environ 125 immeubles et plusieurs terrains à développer à travers la province. Elle est notamment copropriétaire de la tour de la Bourse, de la tour CIBC et de l’édifice Sunlife à Montréal. LUXE a rencontré cet homme d’affaires accompli afin de prendre le pouls du marché de l’immobilier au Québec.

Votre entreprise a remporté l’an passé le prix Environnement pour son projet Ressource de la Montagne. Dans le cadre de vos affaires, respecter l’environnement est-il toujours une priorité pour vous?

Oui. Nous avons gagné ce prix à deux reprises : l’an dernier avec le projet Ressource de la Montagne et en 2014 avec le 780, Brewster, qui est le premier immeuble multilocataire à avoir reçu la certification LEED. La plupart de nos immeubles de bureaux ont obtenu cette certification ou bien celle du BOMA BEST. L’une de nos priorités est que nos immeubles et nos locataires bénéficient d’un environnement sain et vert.

Vous travaillez depuis plusieurs années à la transformation des anciens ateliers ferroviaires de Pointe-Saint-Charles. Est-ce important pour vous de contribuer à mettre en valeur la richesse historique d’un quartier?

La superficie qu’occupent les ateliers ferroviaires représente pas moins de 25 % du territoire de Pointe-Saint-Charles. À l’époque, le CN était le plus important employeur du quartier. Quand il a cessé ses activités, le site a été abandonné. Les terrains étaient contaminés, donc difficiles à redévelopper. Lors de l’acquisition, nous nous sommes engagés auprès du CN à décontaminer le sol, et auprès de la Ville de Montréal et des citoyens, à revitaliser le secteur par la création d’emplois et la construction de logements. Mille deux cents logements seront construits d’ici cet été. Quant aux espaces de bureaux et industriels, ils sont prêts et seront totalement occupés d’ici la fin de l’été. D’ailleurs, 90 % d’entre eux sont déjà loués. Nous avons conservé toute la façade historique. C’est un très beau projet et nous en sommes fiers.

Votre entreprise s’est taillé une place de choix dans le marché de l’immobilier au Québec. Quelles sont les clés de votre succès?

Notre accomplissement le plus important, c’est la réputation et la crédibilité que nous avons acquises auprès de nos pairs et de nos partenaires d’affaires et financiers, grâce à une équipe d’experts exceptionnelle. Notre entreprise a commencé avec trois employés. Elle en compte aujourd’hui 55.

Quelle est votre vision du marché de l’immobilier au Québec?

Il est bien distinct de celui du reste du Canada, à cause de la situation économique de la province. À Montréal, on peut acheter un immeuble pour une fraction de sa valeur de remplacement, parce que les loyers y sont très bas. Ce n’est pas le cas à Toronto, par exemple, où les loyers sont deux fois plus élevés qu’ici. C’est ce qui explique la faible construction de tours à bureaux au centre-ville. Les dernières datent de 1991, soit celles du 1250 René-Lévesque et du 1000, sur la rue De La Gauchetière Ouest. En ce moment, le marché est favorable aux locataires et non aux propriétaires. Il y a beaucoup plus d’offres que de demandes. Cette situation devrait se régulariser d’ici 18 à 24 mois.

Selon vous, en quoi Montréal est-elle une ville propice à l’investissement immobilier?

Montréal est la septième ville la plus importante en Amérique du Nord pour la population, et la première pour le nombre d’étudiants universitaires. C’est une ville où il y a beaucoup de savoir, grâce aux universités. Le marché a un fort potentiel de croissance puisque les loyers sont très bas et ne peuvent que monter. Mais il faut que nos politiciens soutiennent la croissance si nous voulons avancer. Trop de projets immobiliers d’envergure avortent à cause de la lenteur de la bureaucratie. C’est vraiment dommage. Toronto est devenue la ville des sièges sociaux, mais je crois que Montréal pourrait devenir celle des congrès et trouver une nouvelle vocation. Grâce à la langue française, elle a un charme que les villes américaines n’ont pas. Plusieurs autres industries comme celle du jeu vidéo, de l’informatique ou encore des produits pharmaceutiques se développent très bien ici, mais pourraient le faire davantage. On devrait aussi faciliter l’immigration et la migration des gens qui viennent des régions. À Toronto, 90 % de la croissance provient de l’immigration.

Quels sont les critères requis et les facteurs à considérer pour investir dans un projet immobilier?

Les critères varient selon l’expérience des investisseurs. Depuis 15 ans, beaucoup de personnes se sont tournées vers l’immobilier, car le marché boursier est très fluctuant. Certains secteurs de l’immobilier sont moins à risque et demandent moins de connaissances et de relations, notamment le secteur résidentiel. Gérer des immeubles de 10 à 200 logements n’est pas très compliqué. Souvent, les propriétaires le font eux-mêmes en engageant un concierge. Pour les investisseurs qui ont un réseau et un peu d’expérience, l’achat d’immeubles commerciaux, industriels ou de bureaux présente un risque gérable. Bien entendu, plus un investisseur s’engage dans le développement, plus il doit avoir de l’expertise afin de générer de la valeur.

Comment imaginez-vous Montréal dans dix ans?

Il suffit de vivre ici pour se rendre compte que l’on est choyé. Il n’y a pas beaucoup de métropoles où on peut habiter au centre-ville, même si on gagne moins de 60 000 $ par an. Contrairement à New York, Paris ou Toronto, on peut louer à Montréal un appartement au centre-ville pour 800 $ par mois et manger à un prix convenable dans un restaurant haut de gamme. Cette accessibilité nous permet d’avoir une qualité de vie exceptionnelle et de bénéficier de la paix sociale chez nous  Ce qui manque, c’est une ouverture politique pour créer de la richesse. À Montréal, les gens ont adopté un nouveau style de vie. À l’heure actuelle, il y a une ouverture aux familles qui élèvent leurs enfants dans des condos, ce qui était impensable avant. Il faut que le centre-ville se développe davantage. Dans dix ans, j’espère donc que Montréal jouira de tout le dynamisme qu’elle mérite grâce à plus d’ouverture politique.

 

M. Chiara sera conférencier dans le cadre du Sommet immobilier de Québec qui se tiendra le 25 avril prochain et dans le cadre du Forum du développement immobilier au Québec le 27 septembre prochain.

 

www.groupemach.com

 

Texte : Diane Stehle

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