André Monet : peindre pour réécrire l’histoire
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Il a immortalisé l’union de Kate Middleton et du prince William en 2011, puis le couronnement de la reine Élisabeth II pour son jubilé de diamant, l’année suivante. Il expose à Paris, à Londres, à New York, à Séoul, à Singapour, à Montréal, à Dubaï et à Hong Kong. Et pourtant, il n’est peintre à temps plein que depuis dix ans. Rencontre avec André Monet, un artiste québécois au parcours fulgurant.
Tout a commencé par un dessin de champignon que sa gardienne a effectué sous ses yeux alors qu’il n’avait que trois ans. « J’ai été immédiatement fasciné par cette activité », se souvient le peintre. Depuis, il n’a jamais cessé de dessiner. Après avoir étudié le design graphique à l’Université Laval, André Monet entre dans une agence de publicité à Québec. Parallèlement, il se lance dans une carrière d’illustrateur. Il développe alors une technique bien à lui, présageant le style qui le caractérise aujourd’hui. « Je découpais des morceaux de magazines pour en faire une mosaïque d’inspiration impressionniste », explique-t-il. Engagé ensuite à Montréal par le Groupe San Francisco, il travaille pendant trois ans comme directeur de création dans le domaine de la mode. Mais l’entreprise connaît des difficultés financières et André est licencié. Pourtant, ce qui aurait pu tourner au drame s’avère l’occasion unique de concrétiser un rêve qui ne l’a jamais quitté : devenir peintre.
Grâce à la compensation financière qu’il reçoit de son ex-employeur, André peut se consacrer à la peinture et préparer une exposition. Une initiative récompensée puisque toutes ses toiles sont vendues. Ses tableaux entrent alors dans plusieurs galeries de la province. De passage dans la métropole, la star américaine Halle Berry a le coup de foudre pour son portrait d’Yves Saint-Laurent. Il n’en faut pas plus pour lancer la carrière de l’artiste. Bientôt, André figure parmi les peintres de la prestigieuse Opera Gallery de New York et multiplie les expositions aux quatre coins du monde.
Une passion pour l’histoire
Bien qu’ayant commencé par la peinture abstraite, André s’est rapidement tourné vers le portrait. « Le visage est le centre de nos émotions. Il reflète notre âme, ce qu’on est. » Yves Saint-Laurent, Kate Moss, Brigitte Bardot, David Bowie, ou encore Winston Churchill se succèdent sous ses pinceaux. Adoptant une technique mêlant collage, peinture à l’acrylique et brosse à dents pour la finition, l’artiste réalise des portraits si saisissants de réalisme, que les sujets semblent avoir été photographiés. Pages de livres anciens ou cartes géographiques déchirées puis collées forment un arrière-plan riche en textures, qui, lorsqu’on s’y attarde, se prête à divers degrés de lecture. Quel que soit son sujet – artiste, homme politique, célébrité –, André passe de longues heures à se documenter. S’imprégnant de son personnage, il en offre une version personnelle pour réécrire l’histoire à sa manière. Au final, le résultat est toujours époustouflant, vibrant d’élégance et d’émotions.
De Montréal à Londres
L’histoire, André en est passionné. Winston Churchill, dont il a réalisé un immense tableau, reste sans doute l’un des personnages qui le fascinent le plus. Or en 2010, alors qu’il vit à Londres, le directeur de l’Opera Gallery, proche de la famille princière, lui demande de réaliser le portrait du prince William et de Kate Middleton en guise de cadeau de mariage. Un défi inespéré pour cet amoureux des grandes figures de notre siècle. La couverture médiatique est exceptionnelle. En Europe, au Canada, en Inde, à Dubaï : tout le monde évoque la toile réalisée par ce Québécois installé à Londres. En quelques semaines, André vend tous les tableaux qui sont exposés à Montréal. Et leur prix grimpe en flèche. Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Un an plus tard, l’Opera Gallery récidive et lui demande cette fois de faire le portrait de la reine pour son jubilé de diamant. « La toile a été mise en vente dans la galerie. Peu de temps après, le prince Harry est venu dans la boutique. Il voulait acheter le tableau de sa grand-mère, mais il était déjà vendu », raconte l’artiste en riant.
De retour au pays, depuis deux ans, André vient de lancer une série de toiles érotiques, qui fait déjà un tabac à New York et à Londres. Soucieux de rendre ses toiles accessibles au plus grand nombre, il prépare également des tableaux conçus à partir de photos de ses propres œuvres retravaillées à l’ordinateur, qui seront offerts à prix abordable. Avis aux amateurs!
Pour en savoir plus :
Galerie de Bellefeuille
1367, Avenue Greene
Montréal
Tél.: 514 933-4406
www.debellefeuille.com
www.andremonet.com
Texte : Diane Stehle