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L’utilitaire britannique me rappelle la poésie de Baudelaire : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Faut-il cependant s’en étonner dans un véhicule de prix? » De tous les utilitaires sport, le Range Rover est sans contredit celui qui rayonne le plus sur l’échiquier du prestige. L’aristocrate véhicule, reconnu tant pour son aisance sur beau pavé que pour ses capacités légendaires en terrains accidentés, a subi une transformation majeure en 2013. Exclusif, il recrute un nombre limité d’élites. Au moment d’écrire cet article, Land Rover en avait vendu quelque 400 depuis le début de l’année au Canada. En comparaison, Porsche a vendu un peu plus du double de son Cayenne.

Le doyen

Acheter un produit, c’est un peu acheter son histoire. Louis Vuitton, par exemple, c’est une toile monogramme. Mais c’est aussi l’histoire d’un homme qui quitte sa famille à quatorze ans pour devenir plus tard le maître malletier le plus réputé au monde.

Acheter un Land Rover, donc, c’est en quelque sorte acheter l’héritage d’une marque anglaise vieille de plus de quarante ans. L’histoire débute par le premier Range Rover qui a foulé le sol au début des années 1970 et qui a donné le ton à une signature visuelle reconnaissable parmi mille. Le Range Rover a donc un peu plus de quarante ans.

La plus récente génération a été dévoilée en 2012, sous le règne de Tata Motors, paradoxalement le constructeur de la voiture la moins chère au monde. Car, faut-il le rappeler, Land Rover, tout comme Jaguar, ne fait plus partie du giron de Ford. La firme indienne les a acquises pour la modique somme de 2,3 milliards américains, durant la crise financière de 2008.

Mythique habillage

La quatrième génération n’a pas perdu son allure altière. Épurée, la carrosserie profite d’un meilleur aérodynamisme. Plus encore, elle repose sur un bâti monocoque en aluminium. Cette approche, utilisée pour la première fois dans l’Audi A8 et la Jaguar XJ, constitue une première application dans la famille des utilitaires. En plus d’assurer une solidité accrue par rapport à l’acier, l’aluminium permet d’alléger le poids du véhicule tout en améliorant grandement la solidité de la structure : deux qualités qui contribuent notamment à réduire la consommation de carburant.

Performances athlétiques

Propulsé par un moteur V6 suralimenté de 340 chevaux, le modèle d’entrée de gamme consomme en moyenne environ 14 L/100 km. Ostentatoire à l’heure où les ours polaires désespèrent devant les banquises qui fondent sous leurs yeux, elle est néanmoins comparable à des
véhicules moins performants, tel le Mercedes-Benz ML 350. David Suzuki rejetterait cet argument du revers de la main, et avec raison. L’an dernier, le constructeur du Royaume-Uni a cependant annoncé l’arrivée d’une version à motorisation diesel-hybride dont il estime la consommation moyenne à 6,4 L/100 km et les performances dignes d’un V8. Pour l’heure, il n’y a cependant aucun plan de commercialisation
de ce côté de l’Atlantique.

Les plus audacieux pourront choisir le moteur V8 de 510 chevaux. En revanche, ils devront probablement accepter de faire des arrêts plus fréquents à la station-service. Puisque le V6 procure d’éblouissantes performances, ce qui est étonnant pour un véhicule aussi lourd, le V8 en vaut-il le débours élevé additionnel? Car, en comparaison, les performances du V6 surpassent avantageusement celles du Porsche Cayenne V6, pourtant plus léger. Les ingénieurs de Land Rover font appel à une boîte à huit rapports tout aussi efficace que discrète.

La richissime cabine impressionne par son habitabilité. Les passagers profitent de sièges hyper confortables, recouverts d’un cuir souple et rehaussés par des surpiqûres. Le conducteur profitera d’une excellente position de conduite et de commandes relativement intuitives. Le bouton pour sélectionner les vitesses est particulièrement ingénieux. Ceux des places avant auront l’impression de monter sur leur trône. À bord, tous les sens sont interpellés, que ce soit par le soin méticuleux apporté au choix et au mariage des matériaux d’une qualité irréprochable ou par la suave quiétude qui règne à bord tant les bruits sont étouffés.

À l’instar des véhicules haut de gamme européens, les acheteurs ont le loisir d’ajouter certaines options qui, à mon avis cependant, devraient faire partie intrinsèque des caractéristiques de série du Range Rover, puisqu’elles équipent des véhicules beaucoup moins prestigieux. C’est le cas d’éléments tels que le volant chauffant, l’éclairage ambiant modulable, le régulateur de vitesse adaptatif, le freinage d’urgence en cas de ralentissement brusque ou encore le système de surveillance des angles morts.

Le Range Rover propose l’une des expériences de conduite les plus intéressantes des utilitaires, qui est renforcée par l’orgueil de le conduire. Souple, la suspension de l’utilitaire britannique excelle par son confort de roulement et son aisance sur les surfaces chaotiques, au détriment toutefois de l’agilité. Il est plutôt rare que la combinaison souplesse et agilité vit en harmonie. Dans le cas du Range Rover, elle contribue à augmenter l’inclinaison de la carrosserie. Pour obtenir une conduite plus sportive, il faudra opter pour un Porsche Cayenne, par exemple, au prix cependant d’une conduite moins décontractée.

Étonnamment, la marque Land Rover ne reçoit pas les notes les plus élogieuses sur le plan de la fiabilité, et ce, depuis de nombreuses années. L’année 2014 montre toutefois des signes d’amélioration selon J. D. Power. La firme américaine, qui conduit une enquête annuelle auprès des propriétaires de véhicules, place la marque dans les derniers rangs. Il faut cependant garder une certaine réserve, puisque la gamme Land Rover comprend plusieurs produits. Autrement, comment ne pas succomber au charme de son véhicule amiral?

Prix : À compter de 98 990 $

 
– JEAN-PIERRE BOUCHARD