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Le printemps s’est avéré passionnant sur la scène artistique de New York! Le Mois de l’histoire des femmes a donné lieu à de remarquables expositions qui se poursuivront jusqu’à la fin mai. La Biennale du Whitney Museum figure parmi les événements les plus en vue, avec une programmation très stimulante au musée et dans les galeries. Après avoir entendu les échos du franc succès qu’a connu Art Basel Hong Kong, nous attendons tous la parution de Frieze au début du mois de mai. D’ici là, il reste encore beaucoup à voir…

LA BIENNALE DU WHITNEY MUSEUM

Première édition de l’événement à être présentée dans l’édifice dessiné par Renzo Piano, la Biennale 2017 du Whitney Museum est sur toutes les lèvres : brillante et saisissante. Les œuvres transportent le spectateur sur un terrain à la fois politique et esthétique. Diversité, censure et pouvoir de représentation sont des thèmes centraux de l’événement. Les artistes exposés sont issus d’un large éventail d’horizons en matière de genre, de maturité, d’ethnie et d’origines. Néanmoins, le difficile équilibre atteint ici n’est pas réalisé sans controverse! Un tollé entourant l’œuvre Open Casket de Dana Schutz, un portrait d’Emmett Till à sesfunérailles, bouleverse et divise la communauté artistique. Un scandale ne devrait toutefois rien enlever à la rigueur de l’exposition. Passez la voir pour vous en faire votre propre opinion. De plus, vous pourrez ainsi vous joindre au débat : devrait-on censurer l’art qui dérange et qui choque?

À NE PAS MANQUER DANS LES GALERIES

La série figure, ground de Bill Jacobson — Julie Saul Gallery, 535 West 22nd Street, NY

Photographe primé, Bill Jacobson présente ses nouvelles œuvres à la Julie Saul Gallery. Les images présentent des personnes de dos, regardant un paysage flou. Cette série singulière est une méditation sur nos relations avec les autres, sur le regard et sur la nature. Les tirages en couleur grand format ont une très belle surface mate et une présence sereine et sensuelle. La douceur de la palette révèle de nombreuses variations de tons. Les sujets baignent dans une délicate lumière environnante. Jacobson atteint presque un romantisme visuel dans lequel l’orgueil n’aurait pas sa place et serait remplacé par une exposition fidèle d’humanité.

Bill Jacobson figure, ground, 2017. Gracieuseté de la Julie Saul Gallery.

LE MOIS DE L’HISTOIRE DES FEMMES EST À L’HONNEUR

Pat Lipsky: Stain Paintings 1968 – 1975 — Gerald Peters Contemporary, 24 East 78th Street, NY

Il y a environ 40 ans, Pat Lipsky a pris la décision de mettre de côté certaines contributions du début de sa carrière, sans les montrer et sans les répertoriées. Ses œuvres de la même periode, des années 60 et du début des années 70, l’avait établie comme une grandes coloriste. Peu de femmes ont reçu autant de reconnaissance durant la seconde vague de l’expressionnisme abstrait. De grands musées se sont intéressés à ses œuvres, ce qui a propulsé sa carrière, et on peut facilement deviner pourquoi. Ce printemps,onze de ses premières œuvres, d’abstraction lyrique encore jamais vues font leur apparition sur la scène artistique new-yorkaise. Les toiles brutes couvertes de couleurs flamboyantes éclairent les murs bleus de la galerie. Après toutes ces années, les vagues colorées sont aussi fraîches qu’à leur premier jour. Le geste énergique de la peintre crée des marques spontanées et pleines de vie. La peinture se déplace à toute vitesse sur la toile, l’éclaboussant joyeusement.

Pat Lipsky Glowing, 2017. Gracieuseté de Gerald Peters Contemporary

SUE FERGUSON GUSSOW: Recent Work — FRONT art space, 118 Chambers Street, NY

À 81 ans, Sue Gussow en connaît long sur le dessin. Ses dernières œuvres réaffirment qu’il y a beaucoup à apprendre de ses figurations intérieures. L’exposition réunit 20 de ses dessins au pastel et au fusain réalisés au cours des dernières années, en plus de quelques peintures. Le tracé est ferme; la couleur, appliquée avec économie et intelligence. Les pastels illuminent la surface. Utilisant l’espace comme Degas, les pièces sont esquissées de manière minimaliste, et c’est l’objet qui leur donne leur essence. Gussow dessine d’une façon qui nous rappelle la tradition européenne du XIXe siècle : son regard est sophistiqué et sa main, assurée. La beauté mélancolique de sa robe vide et de ses fleurs fanées témoigne du temps qui passe, des souvenirs de spectacles et de beautés révolues. Mais ses œuvres ne témoignent aucunement d’un dépérissement de son art, bien au contraire.

Sue Gussow Dance Gown, 2013. Gracieuseté de FRONT art space.

KAZUKO MIYAMOTO — Zürcher Gallery, 33 Bleecker Street, NY

Cette exposition, consacrée exclusivement à Kazuko Miyamoto, présente la grande diversité de sa longue pratique artistique. Quelques-unes de ses œuvres saisissantes en fils et de ses expressives constructions organiques, en bois et papier y sont présentées. De nombreux objets et peintures montrent les multiples façons dont elle a inscrit les surfaces et l’espace, notamment par ses performances artistiques. La contribution de Miyamoto est essentielle pour comprendre le rôle dynamique des femmes dans l’art américain d’après-guerre, de même que la diversité de leurs références culturelles. Le travail sophistiqué et intuitif de Miyamoto est remarquablement exprimé dans sa relation à l’espace et à la lumière. Son œuvre est expérimentale et transformative. Elle apporte à l’esthétique post-minimaliste une humanité et une chaleur peu communes.

Kazyko Miyamoto “Lines from semi circle”, 2009. Courtesy of Zürcher gallery.

Texte: Barbara Stehle

Couverture : Larry Bell Pacific Red II. Gracieuseté de la Biennale du Whitney Museum