Depuis 1997, Bertrand Cesvet est président-directeur général et associé principal de Sid Lee, bâtisseur de marques. À la tête du groupe mondial de stratégie, il agit comme conseiller auprès des clients afin de les aider à transformer leur entreprise et leur marque. Sous sa gouverne, Sid Lee est devenue l’une des agences les plus reconnues dans le monde pour sa créativité et son modèle d’affaires unique. Conférencier convoité, il est l’auteur du livre Conversational Capital : How to Create Stuff People Love to Talk About.
Sid Lee est devenue, en vingt ans, l’une des agences les plus performantes au monde et a acquis une réputation internationale hors pair. Comment expliquez-vous ce succès?
Je l’explique par trois éléments : les talents que nous avons à Montréal, la bonne gestion des forces créatives au sein d’un modèle d’affaires unique, et l’envie d’aller à l’international. Depuis ses débuts, Sid Lee a toujours misé sur la multidisciplinarité.
Cette approche originale est-elle la clé de votre succès?
Oui, tout à fait. Pour nous, combiner des expertises qui sont habituellement séparées est primordial. Nous faisons tomber les barrières qui séparent les divers domaines pour libérer la créativité et créer de la valeur. À ce jour, Sid Lee est la seule entité au monde à proposer à la fois des services d’architecture, de communication et de marketing interactif. La multidisciplinarité est au cœur de notre approche.
L’audace fait partie de l’ADN de l’entreprise depuis ses débuts. Est-ce facile de la conserver quand on devient une entreprise internationale d’envergure?
Si Sid Lee est un chef de file sur le marché montréalais, elle fait encore figure de petite joueuse sur des marchés en développement comme ceux de Los Angeles ou Paris, même si elle rencontre un certain succès. L’audace et la création doivent toujours rester au cœur de notre approche. Il y a six ans, Sid Lee a imaginé C2 Montréal, l’un des plus grands événements d’affaires annuels,qui allie créativité et commerce.
Comment cette idée est-elle née?
Jean-François Bouchard [président du conseil de Sid Lee], Daniel Lamarre [président et chef de la direction du Cirque du Soleil] et moi-même nous sommes un jour demandé ce qui arriverait si les événements TED Talks et Burning Man avaient des enfants. Nous trouvions que tous les Sid Lee Diane Stehlé festivals se basaient sur une vision unidirectionnelle de la communication : des experts qui parlent à des gens. Nous avons alors créé un événement proposant des contenus d’exception dans un cadre d’exception afin que le public puisse échanger. Aujourd’hui, C2 Montréal reflète parfaitement notre ville et sa capacité de créer de la collaboration entre divers milieux.
Même si vous êtes présent un peu partout dans le monde, vous aimez répéter que le cœur de Sid Lee est à Montréal. Pourquoi? Montréal est-elle toujours une plaque tournante de la créativité?
Elle l’a toujours été pour nous, car il y a ici un vaste bassin de gens créatifs. Et qui dit créativité dit culture. Or, Montréal est à la fois européenne, nord-américaine et bilingue. Dès nos débuts, peu importe où l’on allait dans le monde, nous étions capables de nous adapter. Il y a vingt ans, c’était plutôt avant-gardiste, car le Québec s’exprimait beaucoup par la culture, mais pas encore par l’innovation. Aujourd’hui, la ville a une énorme attractivité. Je ne peux envisager le centre de gravité de la compagnie ailleurs qu’à Montréal. Le made in Canada ou made in Montréal ajoute aujourd’hui de la crédibilité à notre démarche, et ça, c’est très intéressant! Parmi vos nombreux clients, on compte notamment le Cirque du Soleil et Adidas.
En quoi ces marques ont-elles compté dans l’évolution de l’entreprise?
Le Cirque du Soleil est une entreprise québécoise qui a toujours eu des aspirations internationales, comme Sid Lee. Nous l’avons accompagnée dans son rayonnement de par le monde. Avec Adidas, il s’agissait d’une entreprise allemande venue chercher des talents ici pour l’aider dans son développement. Cette collaboration a démontré la qualité exceptionnelle de nos services, notamment par les nombreux prix que nous avons remportés.
Lorsqu’on parle du succès de Sid Lee, on évoque souvent le trio que vous formez avec Jean-François Bouchard et Philippe Meunier. Sid Lee, c’est aussi une histoire d’amitié?
Oui, c’est même d’abord une histoire d’amitié. Pour moi, il est plus facile de travailler avec des amis et la créativité, au sens où nous la concevons, est un sport d’équipe. Nos activités appellent à la collaboration. Or, de la collaboration à l’amitié, il n’y a qu’un pas. Récemment, Sid Lee Architecture a transformé l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth.
Pouvez-vous nous en parler?
Sid Lee Architecture est en train de laisser son empreinte à Montréal grâce à des projets d’envergure. Pensons notamment à la reconstruction de l’hôtel Fairmont Le Reine Elisabeth, de l’hôtel Four Seasons ou du Bota Bota. Le Reine Élisabeth est un édifice important à Montréal. Nous lui avons donné une nouvelle mission, beaucoup plus en phase avec son époque, c’est-à-dire plus axée sur la collaboration et le style de vie. Nous sommes très fiers du résultat, tout comme de celui de l’Hôtel Four Seasons. Dans les deux cas, ce sont des projets qui changent le visage de Montréal. Et l’on peut en dire autant pour le Bota Bota dans le Vieux-Montréal.
Comment voyez-vous l’avenir de Sid Lee? Quel est votre prochain objectif?
Le plus important enjeu pour Sid Lee est sa notoriété. À Montréal et à Toronto, nous sommes connus de tous et impliqués dans la vie économique et créative de la ville. Nous souhaitons arriver à ce même niveau à Los Angeles et à Paris.
Texte : Diane Stehle
Photo : Xavier Girard Lachaine