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Dans le studio de Gerri Davis

Gerri Davis est artiste peintre, mais elle aurait aussi très bien pu être chercheuse à la NASA. Ses œuvres sont saisissantes et ambitieuses, et repoussent les limites dans son domaine. C’est ainsi, en plein après-midi dans son studio, en regardant ses œuvres sélectionnées pour l’exposition à Le Salon H, qu’a émergé une discussion des plus passionnantes.

Ton œuvre met en vedette des plans rapprochés saisissants, où tout est grossi de façon dramatique. Mais tu peins aussi des compositions épiques dans lesquelles tout est plus petit que dans la réalité. Peux-tu m’en dire plus à propos de ta relation avec la perspective et les échelles?

Le monde que tu vois autour de ce magazine que tu tiens, que ce soit la pièce, les lumières, ton corps ou même peut-être la table, tu le perçois en fait comme quelque chose d’énorme. Ce qui m’intéresse, c’est de prendre cette énormité, et de la confiner dans un tout petit espace rectangulaire, un cadre bidimensionnel?: une peinture. Quand on maximise les relations d’échelle entre deux objets, on a l’impression que l’un de ces objets est plus près de nous et que l’autre est beaucoup plus loin, c’est donc une conséquence de mes démarches pour comprimer encore plus d’objets dans un même cadre que ce qui pourrait logiquement entrer dans le confinement d’un petit carré sur un mur.

 

Gerri Davis

Tes œuvres semblent souvent défier la gravité, qu’est-ce qui t’a amenée à voir le monde de cette façon?

J’ai grandi dans un quartier de la NASA entourée d’astronautes, alors la gravité, je ne l’ai jamais tenue pour acquise. Puis, je suis devenue architecte. Les systèmes de représentation utilisés en architecture nous permettent d’utiliser des perspectives de partout dans l’espace. On peut observer d’en dessous, comme de par-dessus… sous la terre, ou depuis le ciel. Je me suis donc familiarisée avec les angles peu communs. Dans mon domaine, être une paire d’yeux à 1,57 m du sol, n’est pas une chose donnée.

Ton travail semble reprendre l’exploration des lois de l’optique là où les maîtres de la Renaissance l’ont laissée. Tes toiles explorent de manière ludique et audacieuse le sens de ces lois dans la représentation du monde qui nous entoure.

C’est une manière d’explorer toute la profondeur de la perception; je conçois des manières de peindre le temps qui défient souvent les lois de l’optique. Cela amène, je l’espère, à voir différemment le monde qui nous entoure et à apprécier davantage les aspects temporels de notre champ visuel biologique, que nous tenons peut-être parfois pour acquis.

 

Bather II

Tu expérimentes toutes sortes d’approches au portrait… en réalisant des autoportraits! Est-ce plus simple pour toi d’être ton modèle?

Je pense que chaque fois qu’un peintre se prépare à peindre, il y a un modèle qui se prépare à rester immobile pour un certain temps. Mais quand le peintre et le modèle ne font qu’un, il y a comme un dévouement synchronisé entre le sujet et l’artiste. Aussi, représenter l’expression d’un visage en pleine étude évoque une expression tout à fait inconsciente. L’expression vide que nous avons lorsque nous regardons notre téléphone me rappelle cette ouverture. Je travaille sur une série d’œuvres qui explorent cette expression faciale vide universelle dans un écran illuminé.

 

En ce qui concerne l’autoportrait, ce qui m’intéresse vraiment dans la représentation de mon propre reflet, c’est la juxtaposition de plusieurs versions d’un visage dans le temps, comment chaque portrait représente la croisée des chemins d’une relation complexe entre le paysage physique interne et externe, ainsi que le mécanisme d’interprétation derrière l’expérience de la peinture elle-même. Cette interaction changeante donne lieu à une série de toiles où une seule personne semble être plusieurs personnes différentes. C’est aussi possible que nos identités ne soient pas aussi facilement définies que ce que nous voulons bien le croire.

 

www.gerridavis.net

 

Texte : Barbara Stehle
Photos : Wetted Desert, 2018. Huile sur lin, 127 x 190,5 cm. Collection privée, Beverly Hills, CA. © Gracieuseté de l’artiste
Portrait dans le studio, devant The Dance (en cours de réalisation). © Claudia Hehr, 2012
Bather II, 2015. Huile sur toile, 152,4 x 168 cm. Collection privée, Milan, Italie. © Gracieuseté de l’artiste

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