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Quel que soit le moment de l’année, il y a toujours de bonnes occasions de déguster un bon vin entouré de ceux que l’on aime. En collaboration avec la SAQ, voici donc quelques suggestions de vins et de mousseux qui embelliront vos soirées.

 

En collaboration avec la SAQ

Vins mousseux

CHAMPAGNE

Lallier Grande Réserve Grand Cru

France, 750 ml

CODE SAQ : 11374251

PRIX : 48,50 $

De subtiles notes de fruits (agrumes) et de levure, une saveur légèrement briochée, une acidité bien sentie et une belle minéralité… Voici un magnifique champagne pour moins de 50 $, idéal pour vos soirées des Fêtes. Et n’oublions pas qu’il s’agit d’un Grand Cru!

 

VIN MOUSSEUX

Roederer Estate Brut Anderson Valley

États-Unis, 750 ml

CODE SAQ : 00294181

PRIX : 36,35 $

Ce mousseux épatera vos invités par son goût subtil et délicat. Pour un équilibre extraordinaire, on l’accompagne de crabe ou de homard sur une mousse d’avocat à la tomate et à la cardamome.

 

PROSECCO

Bisol Crede 2018 

Italie, 750 ml

CODE SAQ : 10839168

PRIX : 21,85 $

Établie dans le nord de l’Italie depuis 1542, la famille Bisol contrôle la qualité de la production de ses vins jusque dans la bouteille. Avec des rendements maximaux de 65 hectolitres par hectare, ses prosecco sortent du lot. Composé de 85 % de glera et d’un peu de pinot blanc et de verdiso, ce prosecco minéral aux notes florales est tout à fait époustouflant.

 

Vons rouges

Villa Antinori Chianti Classico

Italie, 750 ml

CODE SAQ : 12629666

PRIX : 29,95 $

Piero Antinori, dont la famille est intimement liée à la Toscane viticole depuis 26 générations, produit ce riserva à partir de fruits issus des domaines Pèppoli, Badia a Passignano et Tignanello. Un vin qui vous fera voyager.

 

 

 

Château Sénéjac Haut-Médoc 2016

France, 750 ml

CODE SAQ : 13462466

PRIX : 29 $

Le Château Sénéjac 2016 s’ouvre sur un bouquet aromatique de myrtille, de mûre sauvage et de chocolat noir. On retrouve parfaitement ce charme au palais, avec des tannins fondus et un corps velouté et dense. Éclatante, la finale brille par sa fraîcheur et sa persistance… Parfait avec des plats à base de bœuf ou d’agneau.

 

 

 

 

Château De Chamirey 2017

France, 750 ml

SAQ CODE : 00962589

PRIX : 28,25 $

C’est un vin frais, léger, riche en fruits et en épices, avec des tannins soyeux et un bel équilibre. Dans un souci qualitatif, les raisins sont vendangés à la main. Un tri minutieux et un égrappage complet sont effectués avant une vinification en cuves ouvertes. La qualité est au rendez-vous!

 

 

 

 

Texte : Diane Stehle

Noam Carver, depuis son lancement en 2009, est le résultat d’un savoir-faire expert, de design intemporel et d’artisanat conceptuel : créateur de bijoux unique, il a conquis l’univers du mariage une bague à la fois. Dans une industrie déjà saturée, la marque se distingue de ses concurrentes en s’inspirant des années formatrices de l’artiste à Montréal. Noam Carver maintient sa marque primée à la fine pointe de ce qui est devenu une esthétique grandement convoitée et de renommée mondiale.

 

Comment la marque Noam Carver est-elle née?

Il y a plus de vingt ans, je faisais mes débuts dans l’univers de la joaillerie en tant qu’apprenti. Mon père, qui était déjà en affaires dans le domaine, m’a aidé à obtenir un stage auprès de Paolo Vena, un artisan expérimenté de Montréal. En 2009, j’ai fondé la marque Noam Carver et j’ai commencé à concevoir des bijoux sur mesure. La marque a évolué naturellement depuis; je me suis associé avec CrownRing pour propulser Noam Carver sur la scène mondiale.

Quelle est votre source d’inspiration? 

J’ai parfait mon style de design en travaillant individuellement auprès d’amis et de connaissances directement à l’atelier de Montréal et donc mon inspiration me vient des femmes qui m’entourent : la femme montréalaise dans toute sa splendeur. Une femme instruite, qui a beaucoup voyagé, carriériste, mais, encore plus important, une femme toujours à l’affût des tendances et qui n’a pas peur d’oser. J’essaie d’insuffler cet esprit dans toutes mes créations. C’est ce qui oriente tout mon processus de réflexion, de la conception jusqu’à la finalisation du produit. Je jongle avec les dichotomies du conceptuel, du contemporain et de l’intemporel… car après tout, ne sont-ils pas l’essence même du mariage?

Comment décririez-vous l’esthétique de Noam Carver, et de quelle manière conserve-t-elle son caractère unique dans l’industrie?

Une de mes bagues en particulier a propulsé la marque Noam Carver vers de nouveaux sommets lors du lancement de ma collection de bagues de mariage. Lorsque l’on observe cette bague d’en haut, elle a l’air d’une bague classique… mais le chaton dans lequel s’enchâsse le diamant explose de splendeur. Ses détails raffinés, rehaussés d’un simple diamant solitaire, ont attiré de nombreux regards, en plus de me valoir la première place des JCK Jeweler’s Choice Awards en 2019. Cette bague incarne le style de Noam Carver. Peu importe le thème ou la collection représentée, que ce soit vintage, floral, ou encore le retour de la tendance de l’or jaune, je me donne comme mission de toujours être contemporain et unique en mon genre.

 

Collection Beyond Bloom

Collection Atelier

Quelles tendances actuelles observez-vous dans l’univers du mariage?

La mariée d’aujourd’hui est différente de celle d’avant, car elle cherche à exprimer son individualité de la manière la plus authentique qui soit. Notre façon de magasiner est différente et la manière d’exprimer notre identité dans le monde est différente aussi. Ce n’est donc pas étonnant de constater que les femmes cherchent à exprimer leur authenticité lorsqu’il est question de leur bague de fiançailles. Les futures mariées souhaitent trouver la bague qui incarnera leur caractère unique, une bague classique qui saura résister à l’épreuve du temps. Différent et non traditionnel, je me concentre sur l’établissement de solides relations avec mes clients. Les fiançailles ne sont que le début : ensuite viennent le mariage, les anniversaires et d’autres occasions mémorables. La tendance est moins centrée sur les matériaux et les tailles, mais plutôt sur la personne et le lien durable qui est établi et maintenu.

Comment restez-vous à l’avant-garde?

En vérité, les bagues de mariage sont extrêmement recherchées, surtout en ligne. Les femmes magasinent leur bague de fiançailles des années avant même de se fiancer. Demeurer original et à l’avant-garde, tout ce que cela veut dire, c’est que je demeure connecté à ma clientèle. Je prends ma renommée très au sérieux, mais je m’en sers également comme terrain de jeu artistique. J’ose des idées différentes, comme un fini noir, un émail de couleur primaire ou différentes pierres précieuses, puis j’intègre ces créations plus audacieuses dans une collection plus accessible. Les prix de design ne font pas qu’apporter la notoriété et la visibilité, ils donnent aussi l’occasion d’expérimenter et d’oser de nouveaux matériaux et agencements. C’est ainsi que l’on crée les tendances.

Quel est l’avenir de Noam Carver?

Notre marque a pris de l’expansion à l’échelle mondiale; le nombre de détaillants a considérablement augmenté sur les marchés d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie. Récemment, Noam Carver a ouvert des ateliers au sein de boutiques de plusieurs détaillants dans le but d’offrir une expérience de marque plus unique encore et de jouir d’une plus grande visibilité. En juin, nous avons lancé la collection artisanale haut de gamme Atelier. Cette collection réunit les matériaux les plus raffinés et les diamants les plus exceptionnels. Atelier s’adresse à une clientèle sélecte, aux femmes qui souhaitent vraiment se démarquer. Lorsque ces projets seront pleinement réalisés, je compte me lancer dans l’univers de la mode.

 

www.noamcarver.com

 

Prix Instore Design Award (one-of-a-kind piece) 2019

 

Texte : Alecs Kakon

Birks est la plus importante chaîne de boutiques horlogères et bijoutières du Canada, avec près de 30 points de vente dans tout le pays. Elle développe également sa propre production de bijoux. Pour son exercice 2019, le groupe a enregistré des ventes à hauteur de 151 millions de dollars. Cette compagnie fondée à Montréal au 19e siècle joue aussi un rôle dans la vaste reconfiguration en cours de la distribution horlogère en Amérique du Nord : elle a vendu en 2017 la chaîne horlogère américaine Mayors, active principalement en Floride, au groupe britannique Watches of Switzerland pour 106,8 millions de dollars. Le lancement des collections de bijoux de marque Birks au Royaume-Uni a quant à lui eu lieu en septembre 2017 au moyen d’une entente de distribution exclusive conclue avec les bijoutiers Mappin & Webb et Goldsmiths. La société a l’intention d’accroître sa présence sur les marchés internationaux au cours des cinq prochaines années. Europa Star a interviewé Grigor Garabedian, chef de la division centrale de l’horlogerie du groupe Birks.

 

En collaboration avec Europa Star

 

Une première boutique a été ouverte à Montréal par Henry Birks en 1879

Quelles sont les principales étapes dans l’histoire du groupe Birks?

Henry Birks a ouvert sa première bijouterie à Montréal en 1879. Quelques années plus tard, il a déménagé à la rue du Square-Phillips, où est toujours implantée l’une de nos boutiques-phare aujourd’hui. Dès 1901, le groupe a connu une expansion à l’échelle nationale, avec de nouveaux points de vente à Ottawa, Winnipeg et Vancouver.

 

Un autre tournant a été l’introduction du concept de cadeaux joailliers Birks Blue Box en 1920. En 1954, le groupe Birks a ouvert pour la première fois une enseigne à l’intérieur d’un centre commercial au Canada, à Dorval. Mentionnons encore la création d’un cadeau pour Sa Majesté la Reine Elizabeth II en 1959, puis notre nomination comme fournisseur officiel pour les Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver.

 

En 1993, Jonathan Birks a vendu l’entreprise au groupe Regaluxe et en 2005 Birks a fusionné avec Mayors pour constituer le groupe connu aujourd’hui.

Combien de points de vente comptez-vous aujourd’hui?

Maison Birks compte 28 boutiques à travers le Canada et nos collections de bijouterie sont disponibles dans 63 points de vente en Amérique du Nord et au Royaume-Uni. Notre groupe opère aussi une boutique Patek Philippe à Vancouver et plusieurs boutiques shop-in-shop, par exemple pour Rolex à Calgary et pour Richard Mille à Vancouver.

 

Maison Birks au centre-ville de Montréal

Quels sont les principaux moteurs de croissance pour le groupe?

Nous cherchons avant tout à rester au plus près de l’évolution des attentes de nos clients. Par exemple, au cours des dernières années, nous avons remarqué que ceux-ci sont de plus en plus attentifs à la traçabilité et à l’impact écologique de leurs achats. Birks a pris de nombreuses mesures au cours des dernières années pour devenir une entreprise plus durable. Nous sommes fiers de nous approvisionner en diamants canadiens et de participer à la campagne contre l’« or sale ». De plus, la rénovation récente de plusieurs de nos boutiques-phare, à Montréal, Vancouver et Toronto, offre une nouvelle expérience d’achat. Je pense que cette capacité d’adaptation assurera un bel avenir à la maison.

« Nous avons remarqué que nos clients sont de plus en plus attentifs à la traçabilité et à l’impact écologique de leurs achats. » – Grigor Garabedian, chef de la division centrale de l’horlogerie du groupe Birks

En 2017, vous avez vendu Mayors au groupe britannique Aurum (Watches of Switzerland). Cela vous a aussi permis de développer votre marque de bijouterie Birks Jewellery à l’international, en particulier au Royaume-Uni. Où en êtes-vous dans cette évolution aujourd’hui?

Nous continuons à développer l’activité Birks Fine Jewellery au Royaume-Uni et aux États-Unis. Nous sommes constamment à la recherche de nouvelles opportunités pour étendre notre présence internationale.

 

Série Bee Chic : une partie des revenus est remise à la protection des abeilles canadiennes, de la faune et des espaces naturels

Disposez-vous d’une plateforme de e-commerce?

Oui, une large sélection de montres de marque, par exemple de Cartier ou de TAG Heuer, sont disponibles à l’achat sur notre plateforme en ligne. Les achats numériques gagnent en popularité. Cependant, nous constatons aussi l’importance de maintenir un lien physique fort et une expérience personnelle avec chaque montre. Nous souhaitons que nos clients puissent prendre le temps d’apprendre à connaître les marques que nous proposons, dans un espace accueillant, et qu’ils se sentent « chez eux » dans nos boutiques.

Proposez-vous également l’achat de montres d’occasion?

Au Canada, nous avons un partenariat exclusif avec la plateforme Crown & Caliber, qui se spécialise dans les montres de seconde main et l’authentification professionnelle. Nous voulions être en mesure d’offrir un service de confiance pour cette activité, c’est pourquoi nous nous sommes associés à un nom réputé dans l’industrie. Le processus est très simple : vous pouvez choisir entre un paiement comptant ou via un crédit cadeau Birks, avec 20 % de valeur supplémentaire pour la deuxième option. Vous envoyez ensuite la montre à Crown & Caliber pour inspection et authentification, avant de recevoir votre paiement directement par la poste.

 

www.maisonbirks.com

Pourquoi le Canada ne figure-t-il pas dans le top 20 des marchés mondiaux pour l’horlogerie suisse, malgré son niveau de développement élevé? Dans l’ombre du voisin américain qui suscite toutes les convoitises, le potentiel du marché horloger canadien semble loin d’être atteint, en particulier à Montréal, métropole en plein renouveau. Plusieurs initiatives entendent y remédier, notamment un nouveau salon horloger. Visite.

 

En collaboration avec Europa Star

 

La famille Kaufmann illustre à la perfection les relations qui unissent la Suisse et le Canada en matière de montres. Le père, Pius, un bijoutier originaire de St-Gall (âgé aujourd’hui de 90 ans), s’est installé à Montréal pour y apprendre l’anglais avant d’y ouvrir sa propre boutique. Le fils, Charles, a grandi au Canada puis est retourné dans la mère patrie, à Genève, où il a notamment travaillé chez Bucherer… avant d’être rappelé par son père de l’autre côté de l’Atlantique pour y ouvrir une nouvelle boutique.

 

Aujourd’hui, Charles Kaufmann est l’unique représentant de Patek Philippe dans toute la province du Québec. A la tête de la prestigieuse boutique Kaufmann de Suisse à Montréal, il y distribue également Carl F. Bucherer, Parmigiani Fleurier, ainsi que Nomos, depuis cette année. « L’introduction de cette marque vise à séduire une nouvelle génération d’acheteurs avec une entrée de gamme horloger plus abordable », précise le Canado-Suisse. La famille possède également une boutique à Palm Beach en Floride – symbole de l’intégration économique profonde entre les États-Unis et le Canada.

 

Patek Philippe chez Kaufmann de Suisse à Montréal

Mais face à son puissant voisin du sud, le marché canadien fait encore figure de nain horloger. Ainsi, malgré ses 37 millions d’habitants et son succès économique, notamment alimenté par les hydrocarbures et le secteur minier, le Canada ne se classait en 2018 qu’à la 22e place des exportations horlogères suisses, derrière… le Portugal, à 177 millions de francs de livraisons de montres.

 

On attendait le pays plus haut dans les statistiques horlogères! Certes, des géants démographiques comme l’Inde ou le Brésil se retrouvent encore plus loin dans le classement annuel de la Fédération horlogère suisse mais le Canada, adepte du libre-échange et très bien intégré dans la mondialisation, est loin de leurs niveaux de protectionnisme rédhibitoires pour les marques horlogères.

« Une terre à conquérir »

« Le marché canadien dans son ensemble reste une terre à conquérir pour les horlogers, avec un fort potentiel de développement. La population y est aisée et l’économie se porte bien », souligne Marco Miserendino. Copropriétaire de Bijouterie Italienne à Montréal (détaillant officiel de Rolex), celui-ci préside également la Canadian Jewellers Association, organisme faîtier du secteur dans le pays, qui compte plus de 1 000 membres professionnels.

 

Mais pourquoi le Canada n’occupe-t-il pas déjà une position plus élevée dans les exportations de montres suisses?

 

Les représentants du secteur invoquent plusieurs raisons. Et notamment – puisque l’horlogerie est aujourd’hui plus que jamais associée aux visiteurs étrangers – sa saison touristique de courte durée, dans un pays traversé par un rude climat. Même si le taux de change actuel favoriserait les achats transfrontaliers de la part des voisins américains…

 

Rolex chez Bijouterie Italienne à Montréal

Une raison plus pragmatique se dessine : « La plupart des pays de l’OCDE offrent un remboursement de la TVA pour les achats effectués par des clients étrangers. Ce n’est malheureusement pas encore le cas au Canada », souligne Grigor Garabedian, chef de la division centrale de l’horlogerie au groupe Birks. Cette maison vénérable fondée en 1879 est aujourd’hui l’acteur dominant de la distribution de montres dans le pays, avec 28 boutiques implantées de Halifax à Vancouver. Elle opère notamment une boutique Patek Philippe à Vancouver et des shop-in-shop Rolex à Calgary et Richard Mille à Vancouver.

 

Maison Birks, acteur dominant de la vente de montres et bijoux au Canada

Le goût de la discrétion?

Si les conditions-cadre ne favorisent pas le tourisme d’achat horloger, pourquoi la consommation locale n’est-elle pas plus forte? Là, on invoque des raisons d’ordre plus culturelle, qui tiennent aux habitudes d’achat. « Les Canadiens les plus aisés que je connais n’arborent souvent pas de montre de luxe au poignet. À choix, on préfèrera investir dans l’immobilier. Je crois qu’une forme de modestie et de simplicité s’exprime dans notre art de vivre, par rapport aux États-Unis ou à d’autres pays, avec laquelle le secteur du luxe doit composer », souligne Dominic Handal, propriétaire de Joailliers Pax à Montréal.

 

« Je crois qu’une forme de modestie et de simplicité s’exprime dans notre art de vivre, par rapport aux États-Unis ou à d’autres pays, avec laquelle le secteur du luxe doit composer. » – Dominic Handal, propriétaire de Joailliers Pax à Montréal

 

Marco Miserendino constate aussi cette culture de l’understatement dans les choix de ses clients : « Nous vendons par exemple davantage de montres en or blanc, au charme plus discret qu’en or jaune. S’ils se font plaisir, nos clients le feront avec modération. Notre portfolio reste stable sur la durée : nous enregistrons peu de demandes sur des pièces très exclusives et il n’y a pas une quête permanente de la nouveauté, comme on peut le voir sur d’autres marchés. »

 

Pour les marques suisses, notamment celles qui sortent des sentiers battus ou qui ne figurent pas parmi les incontournables, il reste encore beaucoup de travail d’information, d’éducation, voire d’« évangélisation » horlogère à faire au Canada.

Montréal se réveille

« Malgré tout, les ventes de montres suisses ont connu une croissance étonnante au cours des dernières années », nuance Grigor Garabedian. Un effet de rattrapage serait-il en cours, qui permettrait au Canada de s’aligner à terme sur les niveaux de vente de l’Espagne, un pays à la population et au développement comparable mais qui compte deux fois plus d’importations de montres suisses?

 

Cela semble être particulièrement le cas à Montréal, la métropole du Québec qui concentre, avec plus de 4 millions d’habitants, la moitié de la population et de la richesse de la province. Très importante place financière et de négoce jusqu’aux années 1960, la ville a ensuite pâti des aléas géopolitiques du Québec, mais surtout du déplacement du cœur économique du Canada toujours plus vers l’Ouest, vers les provinces anglophones et vers le Pacifique.

 

« À Montréal, les projets d’infrastructure étaient au point mort pendant quarante ans. Mais il y a maintenant une nouvelle confiance dans le climat économique de la province et de nouveaux investissements bénéficient à la ville », constate Marco Miserendino.

Premier salon horloger à Montréal

Plusieurs signaux semblent de fait converger pour signaler une nouvelle dynamique de l’horlogerie dans la ville. Ainsi, la maison de ventes Phillips a organisé en juin une présentation-vente de montres vintage durant le Grand Prix de Formule 1 du Canada, qui constitue la vitrine internationale la plus importante de Montréal. Parmi les garde-temps présentés à l’hôtel Ritz-Carlton figuraient de belles pièces de Rolex, Omega ou TAG Heuer, sous le thème commun de la course automobile (l’horlogerie n’en manque pas!).

 

Autre signe : un nouveau salon horloger – le Salon de Montréal – a été organisé les 27 et 28 septembre à Montréal par Simion Matei, un entrepreneur de l’immobilier montréalais passionné d’horlogerie. Celui-ci a rassemblé douze marques, principalement suisses mais aussi allemandes et même canadiennes, souhaitant faire mieux connaître l’horlogerie indépendante au Canada.

 

En charge de la promotion de ce festival, Thomas Baillod livre sa vision du marché horloger canadien : « Il reste encore beaucoup de travail d’éducation à mener mais le potentiel est bien présent. Le marché bouge à présent, car il a été négligé pendant longtemps. Le Canada vit toujours un peu à l’ombre des États-Unis, qui captent toute l’attention. Par ailleurs, de gros liquidateurs horlogers sont basés au Canada. Cela biaise les statistiques officielles. Le pays vaut plus que cela : il faut arrêter de le considérer comme un marché de seconde zone pour invendus horlogers. »

 

« Il reste encore beaucoup de travail d’éducation à mener mais le potentiel est bien présent. Le marché bouge à présent, car il a été négligé pendant longtemps. » – Thomas Baillod

Un marché horloger bien plus développé dans le Canada anglophone

Le salon, qui a été organisé au luxueux Club Saint-James de Montréal, a rassemblé des marques actives dans le moyen et haut de gamme en quête de notoriété au Canada. Des maisons comme Maurice Lacroix, Dwiss, Bédat & Co, L&JR, Ultramarine ou encore Junghans étaient présentes. « L’intention est de proposer une horlogerie qualitative mais relativement abordable », poursuit Thomas Baillod. « Nous ne voulons pas créer un salon inaccessible. Dans les changements de la distribution horlogère qui bouleversent le secteur, des salons B to C, où la vente directe est encouragée, trouvent toute leur place. »

 

Simion Matei a lancé cette initiative notamment car il souhaite enrichir l’offre horlogère dans sa ville de Montréal et dans la province du Québec. « Les revendeurs que j’ai pu rencontrer ne sont pas encore au point sur des grands noms de la scène indépendante comme Christophe Claret ou Kari Voutilainen », nous confie-t-il.

 

« Nous avons choisi de monter un salon privilégiant les marques indépendantes », poursuit-il. « Nous voulons populariser la belle horlogerie indépendante au Canada. Le Québec en particulier reste un peu isolé sur la scène horlogère mondiale, davantage que les provinces anglophones. » De fait, des grands noms de l’horlogerie contemporaine comme Richard Mille, Audemars Piguet ou encore Greubel Forsey sont présents dans des villes comme Toronto ou Vancouver mais n’ont aucun point de vente dans la province du Québec.

Communauté asiatique en croissance

Une autre perspective doit enfin être signalée concernant le Canada : il s’agit d’un pays où l’immigration asiatique est importante, notamment en Colombie-Britannique et sur le versant Pacifique.

 

Sachant le degré d’attachement à l’horlogerie de cette communauté, la croissance ne pourrait-elle pas venir de ce côté-là? Chez Maison Birks, Grigor Garabedian confirme cette tendance : « Les Canadiens d’ascendance asiatique forment la communauté à la croissance la plus rapide du pays. Cette clientèle devient très importante pour nous. »

 

Signe qui ne trompe pas, le groupe vient d’adopter WeChat (la plateforme de messagerie la plus populaire en Chine) pour communiquer avec sa clientèle. Au Canada comme ailleurs, une part considérable de l’avenir de l’horlogerie suisse s’écrit en chinois!

Les horlogers canadiens

Le Canada n’est pas qu’un marché d’importation : il produit également ses propres horlogers! Lors du dernier salon de Bâle, nous avons eu la bonne surprise de rencontrer Alexandre Beauregard. Ce Montréalais est le fondateur de la marque du même nom. Dès l’âge de 17 ans, celui-ci a commencé à dessiner des croquis de montres et à réaliser des prototypes. Finalement il lance sa marque en 2018.

 

Son approche créative consiste à « réinterpréter l’idée traditionnelle d’une montre-bijou, en alliant l’horlogerie et la joaillerie d’une façon inédite ». Pour cette aventure, Alexandre Beauregard collabore avec un artiste lapidaire, Yves Saint-Pierre, ainsi qu’un expert en joaillerie et en dessin 3D, François Ruel.

 

Autour de leur passion commune pour les gemmes, le trio a donné naissance à une première collection aux motifs floraux, baptisée Dahlia. En ce qui concerne la conception technique, Beauregard a eu recours à la société Telos à La Chaux-de-Fonds pour la création du tourbillon volant qui occupe le centre du cadran de cette collection.

 

La collection Dahlia de la nouvelle marque BEAUREGARD fondée par un Montréalais

 

Hors du Québec, mentionnons également les marques canadiennes Birchall & Taylor (Toronto), Wilk Watchworks (Toronto) ou encore Novo Watch (Alberta). Et d’autres sont en voie de lancement. Une nouvelle startup horlogère, José Cermeño, a été lancée durant le Salon de Montréal.

Sous la direction d’une même famille depuis 1927, le magazine Europa Star est la référence en matière d’horlogerie. Diffusé dans plus de 170 pays et comptant cinq publications par année, il reste fidèle à l’état d’esprit de son fondateur, le Suisse Hugo Buchser, plus de cinquante ans après sa disparition. De passage dans la métropole pour le Salon de Montréal, premier événement consacré au domaine horloger au Québec, Serge Maillard, éditeur d’Europa Star et représentant de la quatrième génération de l’entreprise, a accordé cette entrevue à LUXE.

 

Serge Maillard, éditeur d’Europa Star

Europa Star a été fondé par votre arrière-grand-père, Hugo Buchser, dans les années 1920. Racontez-nous comment tout cela a commencé.

Mon arrière-grand-père possédait une marque de montres dans les années 1920 du nom de Transmarine. Il voyageait partout dans le monde pour vendre ses montres. En 1927, il a eu l’idée de créer une maison d’édition ayant pour mission de connecter les acteurs du monde horloger. Rappelons-nous qu’Internet n’existait pas! Des guides regroupant les adresses des horlogers, des fournisseurs et des professionnels de l’industrie ont été publiés. Progressivement, il a établi un réseau de magazines, en Amérique latine d’abord, puis au Moyen-Orient. En 1959, il a ciblé le marché européen en fondant Europa Star. Un peu plus tard, il a créé une revue pour le marché du Bloc de l’Est. Je saute quelques étapes pour en arriver aux années 1990, avec l’apparition de l’Internet. Nous avons été des pionniers dans le monde horloger avec un site Web dédié à cette industrie. Nous avons au même moment lancé une revue en chinois. Aujourd’hui, cela fait quatre générations que l’entreprise existe. Nous continuons constamment d’innover, avec notamment la numérisation récente de nos archives.

 

Hugo Buchser, lors d’un de ses voyages

Parlons justement de vos archives. Vous avez entrepris cette année de numériser vos publications depuis 1959. Un travail titanesque…

Oui. Et ce n’est pas fini. Nous avons au total 300 000 pages à numériser. Nous avons jusqu’à maintenant numérisé plus de 100 000 pages depuis 1950. Petit à petit, nous comptons numériser toutes nos publications depuis 1927, date du premier guide fondé par Hugo Buchser.

À qui cette banque de données numérique s’adresse-t-elle?

En premier lieu, à la communauté horlogère : aux marques, détaillants et collectionneurs. Tout le monde fait aujourd’hui des recherches sur les montres, que ce soit des professionnels ou des particuliers. Comme c’est toute la revue qui est mise en ligne, elle reflète très bien le contexte de l’époque. Cette numérisation est une belle solution pour mettre en avant un important patrimoine.

À travers vos archives, on découvre effectivement l’histoire de la montre, mais aussi des pans de l’histoire en général. Parlez-nous de la montre Omega.

Récemment, un historien s’est servi de nos archives pour rédiger un article sur la conquête de l’espace. La marque Omega est en effet étroitement liée aux missions de l’homme sur la Lune. Mais avant elle, il y avait aussi Breitling ou Bulova. Il y a eu une compétition féroce entre les marques pour séduire la NASA. Aujourd’hui, on peut se demander quel horloger équipera la NASA ou Elon Musk pour aller sur Mars!

 

Comment peut-on avoir accès à vos archives?

Plusieurs abonnements annuels sont offerts. Certains donnent droit aux archives et au magazine papier, d’autres aux archives et au magazine électronique. Nos abonnés ont également un accès exclusif aux articles qui ont le plus de valeur ajoutée. Tous les tarifs peuvent être consultés sur notre site Web. Ce sont des forfaits de lancement. Nous invitons donc le public à en profiter dès maintenant. Chaque année, nos lecteurs profiteront de nouveaux contenus puisque, en plus de nouveaux articles, nous continuerons de numériser progressivement nos archives.

Votre publication est ce qu’on appelle un « mook », à mi-chemin entre le magazine et le livre. Expliquez-nous ce concept.

Il s’agit d’un concept innovant composé de deux parties : Time.Business et Time.Keeper. Comme son nom l’indique, la rubrique Time.Business est consacrée aux grands dossiers du moment et aux questions de fond qui dessineront le futur de l’horlogerie. Quant à la rubrique Time.Keeper, elle se consacre au produit, aux tendances esthétiques, aux évolutions techniques et aux acteurs de l’industrie horlogère. Nos grands dossiers peuvent avoir jusqu’à 50 pages. Dans notre dernier numéro, nous avons par exemple traité du marché chinois, de l’histoire de la montre en Chine, de ses acteurs, etc. Notre revue se lit comme un livre et peut être conservée longtemps.

 

Comment expliquez-vous la longévité de votre magazine?

Le fait d’être une petite structure et une entreprise familiale aide à avoir une certaine flexibilité et une marge de manœuvre. Notre équipe éditoriale est composée de mon oncle Pierre Maillard et de moi-même. Notre ton est identifiable. Nous partageons aussi une certaine idée du journalisme : celle de toujours apporter une valeur ajoutée par nos articles. C’est très important, surtout à l’heure où l’information semble gratuite.

 

www.europastar.com

 

 

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Texte : Diane Stehle

Bien connues en Suisse et dans le monde très select de la haute joaillerie, les montres BEAUREGARD réunissent l’horlogerie et la joaillerie de manière inédite. Fondée par le montréalais Alexandre Beauregard et basée à Genève, l’entreprise propose des garde-temps suisses d’exception au design audacieux, sertis de pierres sublimes polies à la main et offerts en pièces uniques. Au-delà de simples montres, ces pièces sont de véritables œuvres d’art dont les prix atteignent 250 000 $. Rencontre avec un artiste de talent.

 

Alexandre Beauregard (au centre) entouré de François Ruel, dessinateur 3D (à droite), et d’Yves Saint-Pierre, artiste lapidaire (à gauche)

Comment est née votre passion pour les montres?

Ma première rencontre avec l’horlogerie remonte à l’adolescence alors que je développais avec un ami des montres atypiques dans le garage de mon père.

Pourtant, vous n’avez pas choisi immédiatement d’en faire un métier…

Non, la vie m’a mené vers d’autres horizons. J’ai créé trois entreprises : une blanchisserie desservant les grands hôtels de Montréal, un commerce de pierres précieuses et une entreprise de gestion immobilière. Mais, il y a dix ans, ma passion pour l’horlogerie est revenue en force. J’ai alors décidé de me rendre à Genève afin de rencontrer des professionnels de l’industrie pour leur présenter mon projet et solliciter leurs compétences. Pendant cinq ans, j’ai voyagé tous les mois entre Montréal et la Suisse. Je me suis formé sur le terrain, puisque, avec ma vie de famille, il m’était impossible de retourner sur les bancs d’école. Enfin, en 2014, j’ai fondé ma société à Genève, BEAUREGARD SA.

Votre atelier est à Montréal, mais vos montres sont fabriquées en Suisse. Expliquez-nous votre processus de création.

La Suisse dispose d’une industrie mature unique en horlogerie et s’impose comme le seul endroit au monde réunissant toutes les compétences utiles à la fabrication de montres de haute horlogerie.

 

Toutes nos collections sont donc produites et assemblées en Suisse. Comme je suis Montréalais de naissance, j’ai choisi de mettre sur pied un atelier de taille de pierre et de développement qui me permet de réaliser le design des pièces ainsi que d’effectuer le travail de haute joaillerie à Montréal. Je suis assisté dans ce travail par Yves Saint-Pierre, un artiste lapidaire de renommée mondiale, et par François Ruel, un spécialiste en modélisation 3D.

Parlez-nous de vos collections.

Il y a un an, notre première montre, Dahlia, a été sélectionnée au Grand Prix d’Horlogerie de Genève, ce qui a concrétisé officiellement la naissance de BEAUREGARD.

 

Dahlia propose un cadran de haute joaillerie fait de pierres polies à la main dans nos ateliers et animé par un mouvement de haute horlogerie avec tourbillon volant central. Je me suis tout permis pour la création et la réalisation de cette collection, refusant de choisir entre haute horlogerie et haute joaillerie.


 

Il y a un an, notre première montre, Dahlia, a été sélectionnée au Grand Prix d’Horlogerie de Genève, ce qui a concrétisé officiellement la naissance de BEAUREGARD.

 

Dahlia propose un cadran de haute joaillerie fait de pierres polies à la main dans nos ateliers et animé par un mouvement de haute horlogerie avec tourbillon volant central. Je me suis tout permis pour la création et la réalisation de cette collection, refusant de choisir entre haute horlogerie et haute joaillerie.

Quelles sont les caractéristiques distinctives des montres BEAUREGARD?

BEAUREGARD est l’incarnation de ma passion pour les pierres fines et la complexité mécanique, pour les beaux objets et le génie humain. Le cadran est le canevas sur lequel j’ai laissé libre cours à mon imagination et l’élément le plus distinctif de mes créations. Un travail technique considérable a été nécessaire afin que cet important volume corresponde aux standards de la haute horlogerie. Il est impératif pour moi que mes montres soient reconnaissables au premier coup d’œil et inspirent des émotions fortes.

Vous avez été le premier Canadien à être primé au Grand Prix d’Horlogerie de Genève, il y a tout juste un an. Comment avez-vous vécu ce moment?

J’ai été très honoré d’être sélectionné aux côtés de marques prestigieuses comme Van Cleef & Arpels, Chopard et Bvlgari. Cette distinction est une très belle reconnaissance de notre travail, d’autant qu’il s’agissait du premier modèle présenté par notre jeune marque.

Votre logo arbore la mention « Genève – Montréal ». Pourquoi est-ce important pour vous?

Je suis très fier et amoureux de ma ville. Bien sûr, il serait plus simple pour moi de m’installer en Suisse, mais ma famille est ici et je reste très attaché à Montréal. Au-delà de ces considérations émotives, tout le travail de haute joaillerie et de création est réalisé à Montréal; il allait donc de soi de le mentionner.

Comment envisagez-vous l’avenir?

Je suis un homme d’affaires et il est important pour moi de connaître une réussite commerciale, mais l’horlogerie reste avant tout une passion. J’envisage donc l’avenir comme une grande aventure agrémentée de belles rencontres et de passions partagées.

 

www.beauregard.ch

 

Rédactrice : Diane Stehle

Pour la toute première fois, Montréal a accueilli un salon horloger — le Salon de Montréal — les 27 et 28 septembre 2019 dans le cadre enchanteur du Club Saint-James. Cet événement unique en son genre a permis au public de rencontrer les créateurs des marques de montres les plus prestigieuses en plus de découvrir des modèles exclusifs de haute horlogerie. LUXE comptait parmi les partenaires du salon aux côtés de la prestigieuse revue suisse dédiée à l’industrie horlogère, Europa Star.

 

C’est en constatant la faible culture horlogère au Canada et au Québec que Simion Matei, un homme d’affaires passionné par les montres, a eu l’idée d’organiser la tenue d’un salon horloger à Montréal. « Les amateurs de montres mécaniques comme moi doivent nourrir leur passion en allant consulter des sites Web américains ou européens, car il n’existe rien ici », explique le fondateur.

 

En plus d’être une grande première dans le domaine, le Salon de Montréal a permis aux visiteurs d’entrer directement en contact avec les horlogers, un privilège plutôt rare dans ce genre d’événement. Amateurs et curieux ont pu admirer, essayer et même acquérir des montres de luxe d’une dizaine de marques indépendantes suisses, allemandes et canadiennes, dont Maurice Lacroix, Dwiss et Bremont. De plus, José Cermeño, une nouvelle marque montréalaise, a fait son lancement durant le salon.


 

Mais surtout, le public a pu découvrir Beauregard, une marque extrêmement populaire en Europe dans le domaine de la haute horlogerie, dont le créateur, Alexandre Beauregard, est montréalais. « Cet artiste collabore avec les plus grandes bijouteries du monde. Ses montres se vendent 250 000 $ partout à travers l’Europe, mais il est totalement méconnu ici. Pourtant, son atelier est à Montréal. J’espère que ce salon aura été l’occasion de le faire découvrir aux Québécois, car c’est une grande fierté qu’un talent d’ici rayonne à l’international. »

 

Simion Matei ajoute que les montres mécaniques n’ont pas de fonction utilitaire puisqu’elles sont bien moins précises que les montres à quartz ou électroniques. « Le but d’un tel événement est de montrer le génie humain derrière ces objets. Chaque montre possède un boîtier contenant plus de 1 220 pièces assemblées dans 6 cm2. Ce sont de véritables objets d’art. Tout comme on admire un tableau de Monet non pour sa justesse, mais pour sa beauté, ces montres s’apprécient pour leur valeur artistique et la richesse qu’elles apportent à notre culture », conclut-il.

 

www.salondemontreal.com

 

Texte : Diane Stehle

Gabriel Scott élargit ses horizons autour du globe : la marque prend de l’essor avec l’ouverture d’une deuxième salle d’exposition dans le quartier tendance de Mayfair, à Londres. La marque emblématique de luminaires et d’ameublement, fondée il y a moins de dix ans, adopte un style de design des plus novateurs. Voici donc comment Gabriel Kakon et Scott Richler, deux architectes devenus entrepreneurs, trouvent leur inspiration, et comment leur créativité continue de donner vie à de nouveaux lieux florissants.

Comment la marque Gabriel Scott est-elle née?

Au début, nous travaillions ensemble à la création de meubles sur mesure pour des clients locaux. Bien que nos activités étaient plutôt lucratives, le processus était très exigeant en termes de main-d’œuvre. Nous avons donc décidé de créer une collection inspirée de modèles que nous avions conçus antérieurement, mais qui repose sur des processus plus normalisés. Le lustre Kelly, spectaculaire et sculptural, se prêtait bien à cette polyvalence. Les possibilités de personnalisation étaient toutefois limitées. L’année suivante, nous avons conçu un système qui nous donnait plus de flexibilité et qui laissait une plus grande place à la créativité. C’est ainsi que le modèle Welles est né. C’est la création phare de Gabriel Scott; c’est notre pièce maîtresse.

 

Chaque collection rappelle l’univers du bijou. Quel lien voyez-vous entre les luminaires et les bijoux?

Il est tout à fait naturel de faire le lien entre nos créations et les bijoux, car un luminaire, tout comme un bijou, est une pièce centrale qui a du caractère : c’est l’accessoire qui attire l’œil immédiatement, qui rehausse un look et qui unit tout le reste. D’un point de vue design, un luminaire se distingue de tous les éléments dans la pièce. Il est bien à vue, joliment suspendu au plafond; tout ce qui brille attire naturellement le regard. Le terme « bijou » a toujours fait partie de notre vocabulaire. Prenez le Harlow, par exemple, il s’apparente si évidemment à une horloge que l’association va de soi.

Vous avez créé des pièces spectaculaires pour de nombreuses marques haut de gamme de renommée mondiale. Parlez-nous du processus de conception.

Le processus varie selon la marque avec laquelle nous travaillons. Nous avons créé de nombreuses pièces pour les magasins Cartier situés un peu partout dans le monde. C’est une occasion en or pour nous d’être très créatifs puisque chaque boutique présente des éléments de design différents, qui nous servent de cadre de référence pour imaginer les tailles, les formes, les couleurs et les usages de nos créations. Nous avons eu aussi la chance de développer notre créativité et de collaborer aux vitrines emblématiques de Bergdorf Goodman où nous avons créé une mise en scène complète, ce qui est une expérience totalement différente en termes de design.

Où puisez-vous votre inspiration?

Voilà une question complexe. La réponse évidente est l’univers du bijou. Mais la vraie réponse est que bien que notre processus nous permette de laisser cours à notre créativité, nous sommes tout de même contraints de respecter certains critères du marché. Quelques principes de base animent Gabriel Scott : design intemporel, construction réfléchie, bonne valeur, conception intelligente et produit fabriqué localement. Nos valeurs et nos points de vue nourrissent notre inspiration.

 

Lorsque vous participez à des expositions ou à des salons, comment arrivez-vous à vous distinguer des autres designers qui exposent?

C’est une bonne question. Dans le domaine du design, le contexte est tout aussi important que le produit. Nous participons chaque année au Salon International de Milan, et cette année, nous avons créé une structure qui attire spontanément le regard des visiteurs qui passent devant notre kiosque, complémentée par un espace invitant et chaleureux qui accueille ceux qui nous visitent. Tout, des ouvertures à la palette de couleurs, a été pensé et conçu de manière à donner un ton particulier. Pour comprendre nos luminaires, il faut un cadre grandeur nature et un contexte. Dans notre œuvre, des matériaux souples, comme des tapis et des rideaux, se marient à des accents audacieux aux tons cuivrés. Le décor était extrêmement immersif et les résultats ont été incroyables. Tout était en place pour attirer les gens et créer une expérience, du moment où ils passaient devant notre kiosque jusqu’à ce qu’ils sortent de notre espace.

Votre salle d’exposition dans le quartier de Soho, à New York, existe depuis déjà cinq ans. Qu’est-ce qui vous a amené à en ouvrir une deuxième dans Mayfair, à Londres?

L’idée était de répondre aux demandes de nos clients provenant de l’Europe et du Moyen-Orient. Maintenant, nous sommes présents sur deux continents, et c’est bien plus logique. Notre salle d’exposition à Londres est située entre la fameuse Saville Row et New Bond Street, un emplacement privilégié pour notre clientèle.

Pourriez-vous nous parler d’un projet de rêve pour Gabriel Scott?

Peut-être plus de collaborations significatives. Nous aimerions travailler avec des designers dans le monde de la mode et l’univers de l’art; créer une expérience qui va au-delà du produit. Nous aimerions plonger dans quelque chose qui transcende l’aspect fonctionnel d’un excellent design, que nos sculptures deviennent une expérience en soi.

 

www.gabriel-scott.com

 

Texte : Alecs Kakon